dimanche 4 mars 2012

Ce monde où nos yeux s'ouvrent


         Ce réveil. Un de ceux-là.

         Un de ses réveils qui nous envoient en plein visage la réalité d'un monde que l'on avait fui le temps d'un songe. Bien avant d'avoir ouvert un oeil, on sait, on sent, on ressent.

         C'est au petit matin que Morphée a cru bon de m'abandonner. Nue face au monde. Sans ses bras pour me protéger. Tout m'est parvenu avec une force que j'ai ressentie décuplée sans son enveloppe charnelle comme bouclier aux sons, aux images et aux sensations.

         Je préférais n'être qu'un esprit de coton, mais me voilà de nouveau corps de briques. Pavés acérés qui se martèlent et s'abiment les uns contre les autres. Même sans mouvement ce poids me pèse. Oppression. J'étouffe. Ce corps devient un frein à ma pensée, à mes idées.

         Prendre consistance et conscience et voir se changer notre réalité en impalpable chimère. Souffrance. Remuer un orteil et sentir monter en soi une onde de déchirure. Douleur. Ce monde me blesse alors que je suis encore dans mon nid.

         Monde créé par tous et pour tous, il est pour moi comme une veste mal ajustée. Il faut avoir beaucoup de chance pour que ce monde soit adapté à la morphologie de notre âme.

       
          Mais les étroitesses et les longueurs de ce monde sont celles-là mêmes qui me poussent vers de nouveaux défis. En dispersant sur mes journées fossés et ombres épineuses, ce monde est celui grâce auquel je me surpasse. Retroussant mon pantalon trop long, je gravis les obstacles. Ce monde se transforme alors en une aire d'évolution, d'amélioration, de sublimation. Aire de rencontres aussi. Rencontre avec mes difficultés, mes peines et mes défauts, mais aussi avec mes capacités cachées. De celles que l'on ne soupçonne pas et qui se révèlent à nous dans les situations extrêmes. Ce monde est également mon terrain de rencontres avec d'autres réels. D'autres humains à la tenue déséquilibrée se frayant un chemin dans ce fourbi de ronces. Des humains comme vous.

        Alors au petit matin je suis sortie du nid. Bien décidée à ne pas laisser passer ma chance de vous rencontrer. Je ne pouvais prendre le risque de l'incertitude. Certes, me lever c'est m'exposer au danger, mais c'est aussi m'offrir une chance d'attirer des événements et des rencontres extraordinaires. Il s'agit là sûrement d'un des plus beaux cadeaux que je puisse me faire.

        Et à présent que le soir est tombé, c'est sûrement grandie que je vais me séparer de mes vêtements encombrants pour rejoindre mon monde. Un monde que j'adapterai à ma nouvelle personne, un monde inspiré de toutes ces choses nouvelles que j'ai découvertes, un monde peut-être semblable à celui de ma journée, mais dans lequel lorsque je passerai, les obstacles s'inclineront devant moi.

        Après avoir cavalé toute la journée en habits de chiffons, je vais en apprécier que plus grandement cette absence de tissus et de corps. Ces lignes à peine apparues sur la page, je vous quitte car voilà que s'approche de moi ces bras divins et attendus qui me porteront au dessus de toutes les ronces de mon monde.


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3 commentaires:

  1. Cela faisait longtemps que je ne t'avais pas lue et je remarque que ton style a changé et à la fois, n'a pas changé... (logique, comme toujours! ^^. Je te retrouve bien dans ce texte!

    Le thème aussi a changé, beaucoup plus... comment dire... réel? Je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire.

    En tout cas, j'aime beaucoup et j'ai hâte d'en lire plus !

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    1. Et cela faisait longtemps également que je n'avais pas lu un de tes commentaires. Cela me laisse une étrange impression que de voir que tu vois des changements dans mes textes. Preuve du temps qui passe. J'espère en tout cas que tu apprécieras les autres textes que tu pourras lire ici.

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  2. *Attrape Morphée, la jette au loin, et prend sa place en te tendant des bras bienveillants et dévoués*

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